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Yann


Françaises, français, mes chers compatriotes, (…), face à la propagation d’un virus, le Covid-19, (…), l’urgence est de protéger nos compatriotes les plus vulnérables. Dès lundi, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermées...
(allocution du 13 Mars 2020)

Je comprends mais ne veux pas entendre. A la sidération suit l’angoisse de la situation. De toute façon, il n’a pas mentionné les établissements sociaux et médico-sociaux. Inquiétude collective mais aussi très personnelle. Comment vais-je faire avec Yann ? Comment tenir dans la durée, sans les activités et accompagnements auprès d’un petit garçon avec autant d’énergie ?

Samedi 14 mars 2020. Dernier week-end de liberté, alors que je vois des caddys de papier toilette passer devant moi, je remplis le mien de tout ce qui pourrait divertir et agrémenter notre quotidien. Point positif, il y a du stock !

Lundi 16 mars. J’amène Yann à l’IME, les professionnels n’ont pas encore de directives, mon esprit espère et négocie encore. 17h. On rentre à la maison : Maman ? - Oui ? . Il me regarde et fait le signe pleurer. Pas encore mais ça va venir.

Voici mes premiers souvenirs. Après deux jours de flottements, il a fallu que je me ressaisisse, j’impactais trop Yann. C’est donc le moment où j’ai dû activer mon mental de grande sportive, que je ne suis bien évidemment pas !!

A tout malheur quelque chose est bon. La diminution des obligations, du rythme de la vie, des stimuli, ma présence ont apaisé Yann. Le voir détendu me rassurait ; tout en maintenant un esprit de vacances, je cherchais en permanence des idées, des ressources pour que les journées se passent au mieux. Dès que Yann demandait ses activités (piscine, trampoline, IME ou encore aller dans un magasin), je lui expliquais en surjouant le dépit, la colère que le grand chef avait dit non !

Rapidement, le manque social s’est fait sentir ; c’est cet impact qui a été le plus délétère et compliqué à vivre. Heureusement, nous avons maintenu le lien grâce à WhatsApp avec la famille mais aussi les éducateurs de l’IME. Je pouvais même me déguiser pour remplacer papi, mamie…

Niveau gestes barrières, j’ai compris rapidement que ça ne serait pas possible. Port du masque au maximum 3 secondes ; pour se saluer, quelques checks mais surtout des bisous dans le cou pour tous les porteurs de masques et non plus sur la joue ; finalement, dépassements, débordements, franchissements en tous sens de la distance de sécurité sociale !

11 avril 2021. J’ai le COVID, plus précisément je suis dans la deuxième phase, celle où l’essoufflement et l’asthénie s’installent.

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Yann a été malade, j’imaginais bien que, compte-tenu de sa capacité à respecter les gestes barrières, j’allais être éclaboussée par le phénomène.

C’est donc tapie dans ma tranchée que j’attendais… J’ai dû relever la tête un peu trop tôt, juste une envie irrépressible de faire un état des lieux des forces ennemies. Loupé !

Le 31 mars, 15h, je fais une balade en voiture avec Yann qui, malgré la maladie, a besoin de bouger. La voiture affiche 27°C, les gens marchent en tee-shirt ; je les observe en conduisant, je suis en manteau. Mais non, juste un peu de fatigue comme les frissons et toutes les douleurs articulaires d’ailleurs ! J’affirme que lorsque l’on n’est pas prêt à accepter, quelque vérité soit-elle, l’être humain sait se bander les yeux. Dans le milieu dans lequel je travaille, on nomme ce phénomène le déni.

Cette fois-ci, j’ai pris peur. Quand on est malade et, à juste titre dans ce cas-là, on est seul. Le 10ème jour de notre isolement, j’étais tellement épuisée par la maladie qu’il m’est arrivé de m’asseoir au sol en laissant Yann déambuler ou tout toucher dans la maison. Aujourd’hui, j’évite de me remémorer cet épisode, les émotions négatives sont encore trop présentes.

Si je dois prendre un peu de recul, je peux dire que nous avons vécu et vivons encore une période stressante, j’ai constaté que Yann a des capacités d’adaptation mais au prix d’un investissement important à la maison.

Finalement, les périodes de confinement étaient inconfortables mais rien face à la maladie et aux peurs secondaires. Je choisirai quand même de retenir les moments et partages que cette situation nous a amenés à vivre en cassant nos habitudes et en nous poussant à nous réinventer.

Aujourd’hui, à quelques exceptions près, Yann a pu reprendre sa vie à l’IME mais aussi dans ses activités.

Gerritjan Koekkoek

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